En plusieurs décennies d’interviews avec des musiciens, on n’avait jamais vu ça. Dans les locaux de la branche française de leur label, Mike O’Malley et Jasper Llewellyn, membres de l’octuor anglais caroline, n’ont pas traversé la Manche pour débiter une version orale de leur dossier de presse et survendre en termes aguicheurs leur (formidable) deuxième album. Pendant une heure, ils préféreront dialoguer, sur la base de nos questions, échangeant entre eux comme s’ils poursuivaient en mode parlé l’ininterrompue conversation d’instruments dont la musique de caroline apparaît extraite, sur disque, tel le minerai rare d’un éboulis gigantesque. En live, ce groupe qui privilégie également l’embolie sonore au spectacle convenu de la reproduction, se produit souvent en cercle, comme en communion, lié par la même soif d’apprendre de lui-même pendant qu’il joue. L’Angleterre, longtemps pays-roi du couplet-refrain, terre d’arrogance et de concision punk et pop, n’a pas vu venir cette génération d’instrumentistes branchés improvisation, circulation de fluides, déconstruction et reconstruction des idiomes jazz, folk et rock dont caroline, avec quelques autres (Black Midi,
Instrumentistes
Le groupe caroline, un grand huit renversant
Article réservé aux abonnés
Né à la fin des années 2010, caroline s’est transformé comme un organisme mutant au contact d’autres musiciens. (El Hardwick)
par Christophe Conte
publié le 15 juin 2025 à 16h11
Dans la même rubrique