Menu
Libération
Musique

Le «rap ivoire» a la cote

Article réservé aux abonnés
Longtemps relégué au second plan par le coupé-décalé, le rap profite d’un renouveau créatif sans précédent depuis trois ans en Côte-d’Ivoire et pourrait même le supplanter.
Defty, rappeur de 34 ans qui vient de signer chez Def Jam Africa. (DR)
par Lina Rhrissi
publié le 21 juillet 2021 à 19h20

Dans les bureaux immaculés d’Universal, quartier chic de Cocody, un refrain de la rappeuse Andy S s’échappe des enceintes d’un iMac. Tous les employés, chemise sur le dos et sneakers aux pieds, sont fans de rap. Depuis janvier 2020, le nouveau directeur général de la branche africaine de la major est Franck Kacou, également connu sous le nom de Black Kent, d’origine ivoirienne, reconnu comme rappeur en France. Son bébé s’appelle Def Jam Africa, division rap d’Universal Music Africa, inaugurée en mai. Un lancement révélateur de la place grandissante prise par le hip-hop dans l’industrie musicale en Afrique de l’Ouest francophone, à Abidjan en particulier, où la plus grande major du disque appartenant à Vivendi s’est installée deux ans plus tôt. Et l’intuition fut bonne. Le «rap ivoire», comme il se fait appeler depuis la fin des années 2010, connaît une véritable explosion depuis trois ans. «Depuis que j’ai été nommé, l’ouverture de Def Jam Africa a été mon cheval de bataille, confirme Franck Kacou. Tous les jours que Dieu fait je reçois sur mon WhatsApp des nouveaux sons que des rappeurs m’envoient, c’est fou ce qui est en train de se passer», s’extasie aussi Ozone, animateur d’émissions hip-hop à la radio et à la télévision.

S’il n’avait jamais atteint un tel succès, le rap a une longue histoire en Côte-d’Ivoire. Dès 1985, Yves Zogbo Junior, étudiant ivoirien de retour au pays, monte le groupe Abidjan City Breaker et importe le breakdance. Puis, dans les années