Une accusation de plus dans le secteur du rap américain. Terius Gesteelde-Diamant, parolier et producteur de nombreuses célébrités – comme Beyoncé et Rihanna – sous le pseudo The-Dream, est visé par une plainte déposée mardi 4 juin à Los Angeles pour viols, agressions sexuelles et trafic d’être humain, selon The New York Times. La plaignante, Chanaaz Mangroe, connue sous son nom de scène Channii Monroe, est une ancienne collaboratrice du musicien.
La plainte expose que durant l’année 2015, Terius Gesteelde-Diamant avait pris l’habitude de lui promettre de propulser sa carrière, instaurant une relation déséquilibrée entre les deux. Cette relation aurait abouti à de nombreux viols, strangulations, à une vidéo intime qu’il menaçait de partager ainsi qu’à du «trafic d’être humain». Gesteelde-Diamant nie toutes les accusations portées contre lui.
«Mon silence est devenu trop douloureux»
Cette plainte ternit son image toute-puissante en tant que célèbre rappeur et producteur américain et lauréat de huit Grammies. Il est notamment crédité pour Umbrella, de Rihanna ou Baby de Justin Bieber, et est notamment un proche collaborateur de Beyoncé depuis 2008, ayant pris part à l’écriture et la production de Single Ladies (Put a Ring on It) et Break My Soul.
Dans l’intimité, Chanaaz Mangroe décrit dans sa plainte déposée à Los Angeles un homme violent et manipulateur, faisant miroiter une promesse de célébrité et de succès pour contrôler les femmes, les contraindre à des relations sexuelles et les frapper. «Ce que Dream m’a fait a détruit la possibilité d’une vie telle que je voulais vivre, ainsi que d’une carrière de chanteuse et compositrice», écrit-elle dans un communiqué, qui précise également les raisons de sa plainte. «Mon silence est devenu trop douloureux, et j’ai compris que j’ai besoin de dire mon histoire afin de guérir. J’espère qu’en le faisant, cela en aidera d’autres et empêchera ce genre de violence.»
Selon sa plainte, elle a rencontré Gesteelde-Diamant fin 2014, lorsqu’elle lui a envoyé des extraits de sa musique. En janvier 2015, elle va à sa rencontre à Atlanta (dans l’État de Géorgie), où le producteur l’amène en boîte de strip-tease et la filme. Il lui aurait alors «dit qu’il ferait d’elle la prochaine Beyoncé ou Rihanna». Dans les jours suivants, il aurait insisté pour qu’elle couche avec lui, justifiant à la plaignante que «ça fait partie du processus».
Trafic d’être humain
Dans une maison où se trouvait un studio où les deux travaillaient, il l’aurait alors enfermée dans une salle sombre, et «n’aurait arrêté un rapport sexuel agressif que lorsqu’elle lui avait dit qu’elle l’aimait». D’autres rapports auraient eu lieu dans les jours suivants, au cours desquels le producteur la maintenait parfois au sol et refusait d’utiliser des préservatifs, malgré ses protestations. Parallèlement, il lui aurait promis la première partie de la prochaine tournée de Beyoncé.
Selon la plainte, Gesteelde-Diamant serait alors devenu de plus en plus violent envers la chanteuse. Alors qu’il l’avait logée dans un hôtel, il aurait contrôlé chacun de ses mouvements, la réprimandant si elle ne restait pas en contact avec lui, l’insultant et lui reprochant les retards pris pour le prochain album de Beyoncé.
La plainte accuse également le producteur de lui avoir administré de l’alcool et de la marijuana contre son gré, et de l’avoir filmé lors d’une relation sexuelle, avant de la menacer de diffuser la vidéo. Régulièrement, il l’aurait également mise en joue avec une arme à feu durant des relations sexuelles, ce qu’elle interprétait comme une menace.
La plaignante a également rapporté des faits de «trafic d’être humain». Selon The Hollywood Reporter, Mangroe aurait été forcée à avoir des relations sexuelles avec plusieurs hommes. Elle raconte également dans sa plainte avoir été forcée à faire une fellation à Gesteelde-Diamant dans un cinéma, alors qu’un autre homme les regardait. Plus tard dans la journée, il l’aurait violée dans son van, la maintenant au sol et l’étouffant.
«Ces accusations sont fausses et diffamatoires»
La chanteuse a signé un contrat avec le label de The-Dream, Contra Paris, ainsi qu’un accord de distribution avec Epic Records, propriété de Sony. Mangroe dit avoir signalé les violences qu’elle subissait à Epic Records ; on lui aurait alors répondu qu’elle «devait trouver un moyen de continuer à travailler» avec The-Dream. Elle a ensuite été remerciée par Epic Records en juillet 2016, après que Gesteelde-Diamant n’a pas envoyé ses morceaux au label, selon elle.
«[Toutes] ces accusations sont fausses et diffamatoires», a répondu Terius Gesteelde-Diamant dans un communiqué. «Je m’oppose à toute forme de harcèlement et ai toujours aspiré à aider les autres dans leurs carrières. Œuvrant pour apporter un impact positif aux artistes et dans le monde, je suis profondément peiné et blessé par ces accusations», complète-t-il.
The-Dream déjà accusé de violences dans le passé
Ce n’est pas la première fois que The-Dream est accusé de violences envers les femmes. En 2014, il a fait l’objet d’une plainte pour avoir donné des coups de poing et de pied, ainsi que d’avoir étouffé son ex-petite amie, alors enceinte de huit mois. Les procureurs avaient arrêté la procédure un an plus tard, ne pouvant prouver les faits au-delà du doute raisonnable.
Les deux avocats de Chanaaz Mangroe ont également représenté Casandra Ventura, ou Cassie, dans sa plainte visant Sean Combs, rappeur plus connu sous le pseudo de Diddy, P-Diddy ou Puff Daddy. Cette plainte inclut également des faits de «trafic d’êtres humains». Si cette procédure a fait l’objet d’un accord après un jour seulement, le rappeur new-yorkais fait l’objet de cinq autres plaintes pour agressions sexuelles.
Selon les avocats de Chanaaz Mangroe, cette plainte est «encore un autre exemple de la façon dont les hommes dans l’industrie musicale utilisent leur pouvoir et leur influence pour manipuler et blesser autrui».