Il s’était imposé comme une véritable énigme dans l’univers du rap. Werenoi, rappeur discret mais au succès monumental, s’est éteint à l’âge de 31 ans. «Repose en paix mon frère», a écrit son producteur Babs samedi 17 mai, confirmant l’information de Public.
L’annonce de sa mort laisse un vide dans le paysage du rap français, qu’il avait marqué par ses textes mélancoliques, sa trap crépusculaire et son refus de se livrer aux projecteurs. Libération avait bien essayé de le rencontrer, mais le rappeur souhaitait peu s’exposer aux médias.
Né en 1994, Werenoi a grandi dans le quartier Jean-Moulin, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Son ascension fut fulgurante. Il fait ses premières armes avec Maes, avant d’être repéré par Babs (PLR), manager influent du milieu, qui fera découvrir son univers sombre et mélancolique aux refrains entêtants. Une esthétique qui pouvait le stigmatiser aux yeux d’un public non initié, mais qui vend, qui touche, qui fait salle comble.
Salles pleines et certifications en cascade
Sa musique a conquis un large public, jusqu’à faire de lui le plus gros vendeur de disques en France en 2023 et 2024. De quoi lui valoir le qualificatif peu envié d’industry plant, tant son explosion paraissait orchestrée. Mais Werenoi était surtout bien entouré, bien conseillé, et incroyablement efficace. En trois ans, il a empilé les succès sans jamais céder à la frénésie médiatique. En 2022, il sort Telegram, une première mixtape saluée pour sa cohérence et sa noirceur maîtrisée. L’année suivante, Carré, son premier véritable album, installe son nom au sommet des charts. En 2024, Pyramide confirme l’ampleur du phénomène : des salles pleines, des certifications en cascade.
Malgré les chiffres, malgré les trophées, Werenoi restait un visage dans l’ombre. Une silhouette, souvent capuche vissée sur la tête, qui laissait sa musique parler pour lui. Et c’est sans doute ce silence-là qui manquera le plus.