Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Depuis décembre, les coupes budgétaires visant la culture se sont accumulées, au niveau de l’Etat (baisse des dotations aux collectivités, gel de la part collective du Pass Culture, suspension de dispositifs d’aide…) comme des collectivités locales. Dans une enquête publiée ce mercredi 16 avril, le Syndicat des musiques actuelles fait état de «conséquences multiples : annulations de dates, groupes déprogrammés» mais aussi d’un «risque de licenciement des équipes ou hausse des tarifs d’accès au public». «La quasi-totalité des régions voit son budget Culture 2025 baisser par rapport à 2024. Les baisses budgétaires de ces 13 régions représentent un total d’environ 65,8 millions d’euros en moins pour la Culture», précise le rapport. Le syndicat rappelle en outre que des coupes affectent aussi leur secteur à l’échelle nationale, et cite la baisse de 1,3 millions d’euros de la dotation du Centre national de la musique (CNM).
Moins de dates, moins de cachets
Le rapport liste pêle-mêle les conséquences de ces coups de rabots, bien concrets, qui lui ont été signalées par ses adhérents. Quelques exemples parmi de nombreux autres : l’agenda de la salle de concert lyonnaise A Thou Bout’Chant s’est fortement allégé : 8 dates ont été supprimées pour la saison, et 16 groupes déprogrammés. Le lieu a même été contraint de supprimer un poste en CDI. A Toul, en Meurthe-et-Moselle, le festival Le Jardin du Michel a dû abandonner un concert prévu en Ehpad devant une petite centaine de résidents, ainsi que la mise en place d’un système d’audiodescription «pour un soir du festival à destination du jeune public souffrant de handicap visuel». Même son de cloche du côté du producteur de spectacles Arts et Musiques, à Marseille, qui constate «une baisse du nombre d’interventions en territoires ruraux et en Ehpad».
Reportage
Du côté des Pays-de-la-Loire, fortement frappés par des coupes budgétaires, la salle de concert du Quai M, à La Roche-sur-Yon, s’est vue contrainte d’annuler son festival annuel Quai Metal, qui devait accueillir 1 600 personnes et 12 groupes. Dans la même région, la scène musicale du Nouveau Pavillon, à Bouguenais, risque tout simplement de fermer, trois de ses postes permanents étant fortement menacés.
Des difficultés à l’horizon
Autre coup dur : le gel annoncé en février de la part collective du Pass Culture, qui permettait aux établissements scolaires de programmer ateliers et sorties culturelles pour les élèves, affecte aussi plusieurs structures. A Bobigny, la salle de concert Canal 93 souffre d’une «situation précaire» suite à ce gel. L’équipe du lieu devait animer des ateliers pour «environ 500 collégien·ne·s et lycéen·ne·s de Seine-Saint-Denis». De nombreux autres lieux font état d’un problème similaire.
Le rapport n’est pas exhaustif – il évoque 25 cas – car toutes les difficultés rencontrées n’ont pas encore été signalées aux syndicats, mais ces exemples donnent le ton. En outre, «certaines structures s’attendent à des coupes et donc à des baisses d’activité encore plus conséquentes dans les mois à venir», déplore le syndicat, qui interroge : «La musique est à ce jour la première pratique culturelle des Françaises et des Français : qu’en sera-t-il alors dans quelques années ? Quel impact ces coupes budgétaires vont-elles produire dans notre quotidien à moyen terme ?»