Il n’y en avait pas vraiment eu des comme elle avant. Jean Paul Gaultier a souvent dit que c’était la première. Top model androgyne originaire du Massachusetts, Leslie Winer avait un visage anguleux, des cheveux courts, un regard arrogant, un genre de croisement entre Iggy Pop et Chris Isaak, moitié Bowie, moitié Billy Idol. Elle ne ressemblait à personne mais en la voyant, on comprenait tout de suite le message, un truc qui disait à la fois «casse-toi, dégage» et «suis-moi, tu vas pas y croire». Durant les années 80, on la verra défiler pour Christian Dior, Helmut Lang ou Valentino, fréquenter William Burroughs, Alain Pacadis, Jean-Michel Basquiat ou le groupe ESG. Avant d’enregistrer, au début des années 90, à Londres, un album intitulé Witch avec, entre autres, le bassiste Jah Wobble et Karl Bonnie du groupe Renegade Soundwave. Disque impossible à trouver, compliqué même à commander chez un disquaire, sorti sous le nom de «C», avec des titres guère plus parlants – Skin, Dream, He Was. Pour ne rien arranger, Transglobal, le label anglais qui a sorti l’album à la fin de l’été 1993, a créé une confusion supplémentaire en sortant au même moment le single d’un groupe infernal nommé CNN. Celles et ceux qui ont eu la chance de tomber sur Witch, à l’époque y sont souvent arrivés par hasard, en reconnaissant la pochette au détour d’un bac, ce «C» entouré d’un serpent qui se mord la queue. Et n’ont jamais pu l’oublier.
Somme essentielle
Quarante-trois minutes âpres