La découverte : Lianor, ingénieux du son
A trop rester dans l’ombre, il arrive toujours un moment où l’on veut s’épanouir dans la lumière. C’est bien le cheminement d’Emilie et Igor. Deux ingénieurs du son de métier, même si la jeune femme s’est spécialisée par la suite dans le mastering, ayant fréquenté assidûment l’antre des légendaires studios Ferber. Igor ayant participé par exemple à l’enregistrement de la BO d’Emilia Perez de Jacques Audiard. Ils auraient pu continuer à suivre une voie dans laquelle ils excellent. Sauf que la passion de la musique, de faire de la musique, les a rattrapés. Une sorte de retour aux sources. Le duo a pratiqué très jeune la batterie avant qu’Emilie ne devienne une bassiste talentueuse et qu’Igor choisisse pendant douze années de conservatoire le plus incongru basson. De tels CV ne pouvaient déboucher que sur un projet atypique.
Echafaudé dans un studio bricolé lors d’un été passé en commun dans le Var, leur premier album Come Meet me at Buisson Road interpelle dès son ouverture instrumentale, Résilles. Comme enveloppé dans un cocon bienveillant, mais intriguant, on se laisse embarquer par la douce mélancolie d’une mélodie diaphane entre jazz, post-rock et new age. La découverte d’un univers très personnel, où les synthétiseurs sont en bonne place, qui s’exprime également à travers des titres vocaux irréels. Même si Lianor (la contraction des deux prénoms, on imagine) nous donne la preuve avec Don’t Worry, Sadness Remains qu’il est tout à fait capable de livrer un single pop addictif. Mais on subodore que ce n’est pas l’éclairage des spots clinquants de l’affriolant mainstream que vise ce délicat tandem. Tamisée, la lumière plutôt.
Lianor Come Meet me at Buisson Road (Lianor Music)
La playlist
Ours Le Carnaval de Dunkerque
Avec simplicité et réalisme, le chanteur raconte avec tendresse, en format piano-voix, l’une des grandes fiestas populaires de notre pays, plutôt adepte des fanfares pétaradantes. La beauté réside dans le contraste.
Kokoroko Sweetie
Les protégés de l’érudit DJ producteur britannique Gilles Peterson s’éclatent en mode tropical-jazz-soul où la luminosité de cette fausse rumba est légèrement voilée par la mélancolie de la mélodie. Magnifique.
Deki Alem Fun
Ce brillant duo suédois annonce enfin un album. Si tout est du niveau de ce track assourdissant electro-rap-drum’n’bass très métallique, cela pourrait s’avérer grandiose. On y croit certainement.
Pain Magazine Violent God
Deux électroniciens, Louisahhh et Maelström, associés à un trio post hardcore, Birds in Row, livrent avec fracas une sorte de bande-son techno-punk pour une prochaine apocalypse. A tort ?
The Hacker & Endrik Schroeder Project The Voyagers
Le vétéran electro-techno s’associe à un autre musicien grenoblois pour deux titres entre techno de Detroit, bleep de Sheffield et souvenirs de rave. Irrésistible.