Un tournant. Avec cette chanson, marquant l’ouverture de l’album Highway 61 Revisited, Robert Zimmerman abandonne ses frusques de barde folk pour entrer dans le costume des rock stars. Nombreux sont ses futurs confrères, de Bruce Springsteen à Frank Zappa, qui raconteront l’impact du titre sur leurs vies personnelles lorsqu’ils l’ont entendu pour la première fois. Cette sorte de complainte sourde de plus de six minutes, a suscité d’innombrables thèses sur sa signification. Tiré d’un texte de plus de dix (voire vingt, les avis varient) pages écrit en freestyle par un Dylan alors au bout du rouleau, la chanson, à première vue au sujet d’une jeune femme bourgeoise larguée, exprime surtout le cri rageur des laissés-pour-compte dans cette Amérique d’alors où la jeunesse s’enflamme. Electrique.

Cette pierre qui n’en finit plus de rouler a engendré d’innombrables reprises. De Jimi Hendrix à Cat Power en passant par U2 ou même The Wailers, il serait plus simple de lister celles et ceux qui n’ont pas sacrifié à l’exercice. Et maintenant les acteurs s’en mêlent ! Sauf que le Paul Atreides du film Dune possède une vraie excuse : sa version est extraite de la BO du biopic A Complete Unknown consacré à Dylan, sorti aux USA le jour de Noël, où il incarne le futur prix Nobel de littérature. Sacrément gonflé quand même. D’autant plus que, lissant totalement les aspérités chaotiques de l’original, ce Like a Rolling Stone mute en folk rock mou du genou, entonné de manière ridiculement nasillarde. La plus grosse surprise de cette imitation faiblarde étant qu’elle a été validée par Bobby en personne. La vieillesse est…