Ne jamais sous-estimer le pouvoir de la musique. Celle qui est triste ou simplement mélancolique console en nous éloignant d’une vision nombriliste de notre petit univers. Celle plus joyeuse, pour peu qu’on soit capable de se sortir de la sinistrose ambiante, nous entraîne dans une félicité béate qui fait du bien. Ce fameux effet «feel good», il est au cœur du troisième album de l’Impératrice. Un groupe qui a vraiment exprimé toute sa sève mélangée funk-house-jazz à partir de son précédent disque Tako Tsubo (2021) où apparaissaient de troublantes aspérités dans un registre auparavant d’une légèreté, certes charmante, mais un peu vaine. Ce qui n’a pas empêché depuis 2015 ce luxuriant sextet formé notamment de la chanteuse et autrice Flore Benguigui et du compositeur et clavier Charles de Boisseguin de réunir sous sa bannière des foules de plus en plus grandes. Ils se sont quand même produits à deux éditions du festival californien de Coachella et, cette année, pas en ouverture à 14 heures.
Ce Pulsar entièrement tourné vers la danse ou plutôt vers la communion sur le dancefloor entre les races et les générations (en France, leur public unit les teenagers jusqu’aux quinquas, voire plus) est une affaire d’échange de fluides spirituels, de ramifications secrètes pouvant lier dans un même élan des musiciens et leurs auditeurs, tous guidés par une volonté d’essayer rendre ce monde meilleur. D’accord, on s’emballe. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Le funk French Touch de Amour Ex machina, la vibration soul-brésilienne de Me Da Igual, le disco-italo euphorique de Danza Marilù, la pop boostée de Girl !, le rap funk de Sweet & Sublime jonglent avec les langues, agitent non seulement les corps mais aussi les âmes, habités par une douce «saudade». On peut la situer ici la magie de L’Impératrice dans cette capacité à provoquer des sensations intimes sous couvert de la danse et à rendre ainsi essentielle une activité que certains, il y a peu, voulaient faire passer pour superfétatoire. Les bougres !
L’Impératrice Pulsar (Microqlima)
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