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Libération
Chant du cygne

L’inventeur du karaoké, le Japonais Shigeichi Negishi, est mort

Le «Wall Street Journal» nous apprend la mort, à 100 ans, de cet entrepreneur qui avait élaboré à la fin des années 60 la première machine à karaoké.
Shigeichi Negishi et son invention, la Sparko Box. (Capture d'écran X @Matt_Alt)
publié le 15 mars 2024 à 16h06

C’est un peu à cause de lui que votre ami médiocre en chant peut se prendre pour Daniel Balavoine ou Adele après quelques verres dans le nez. Shigeichi Negishi – dont vous n’aviez probablement jamais entendu parler avant de lire ces lignes –, premier inventeur du karaoké au Japon à la fin des années 60, est mort à l’âge de 100 ans. Son décès est survenu le 26 janvier mais on ne l’apprend que maintenant grâce au Wall Street Journal. Le journal américain a publié jeudi 14 mars un long récit de la vie de cet homme discret qui a, mine de rien, changé le cours de nombreuses soirées avec son invention.

Matt Alt, l’auteur de l’article, établi à Tokyo, avait eu la chance d’interviewer Negishi avant sa mort. Il lui avait raconté le moment où l’idée lui était venue. C’était en 1967, dans les bureaux de la société d’électronique que Negishi dirigeait dans la capitale japonaise. Un jour, alors qu’il fredonnait en entrant dans son bureau, l’un de ses employés lui aurait lancé : «Vous n’êtes pas un très bon chanteur, monsieur Negishi !» Vexé mais inspiré, Negishi eut alors une révélation : «Et si on pouvait entendre ma voix sur une bande-son ?»

Invention jamais brevetée

Le Japonais n’était sans doute pas le premier à imaginer un système permettant aux gens de chanter sur des instrumentaux, mais il fut le premier à concrétiser l’idée avec la «Sparko Box». Une machine rudimentaire, composée d’un microphone, d’un haut-parleur et d’un magnétophone à cassettes, permettant aux amateurs de se prendre pour des stars, qui fut un carton immédiat dans le pays du soleil levant, devenant un incontournable des bars, restaurants et hôtels.

Mais Negishi n’a jamais breveté son invention et d’autres entrepreneurs se sont engouffrés dans la brèche et ont perfectionné le concept. Ainsi, Daisuke Inoue, un autre chef d’entreprise japonais a longtemps été considéré comme le père originel du karaoké : il avait en fait popularisé l’utilisation de bandes-son pré-enregistrées avec des voix guides. Malgré son succès, Negishi a quitté le marché du karaoké en 1975, lassé par les conflits avec les musiciens et les difficultés de la vente directe. Son invention, elle, a connu une expansion fulgurante dans les années 80 et 90, devenant un phénomène mondial. Aujourd’hui, le karaoké est une activité appréciée – et parfois redoutée – par des millions de personnes dans tous les pays.