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«Livre de la salsa» : César Miguel Rondón, quartier latino

Très documenté et passionnant, le livre du journaliste mexicano-vénézuélien revient sur la communauté de musiciens qui fit évoluer le genre.
Photo extrait du livre «le Livre de la salsa» César Miguel Rondón. (Éditions Allia)
publié le 9 décembre 2023 à 2h11

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Tout commença pour la salsa au Palladium de New York, intersection Broadway-53e Avenue, à la fin des années 40. Pas la musique elle-même, dont les racines afrocubaines sont si multiples et pivotantes que la moindre tentative de lui coller date et lieu de naissance sur le dos aboutit à une aberration historique ; mais la communauté de musiciens et danseurs qui allait permettre au boom créatif et commercial des seventies d’advenir, et de faire entrer la salsa dans les mœurs et dans la culture mondiale. Le journaliste mexicano-vénézuélien César Miguel Rondón, qui écrivit la première mouture du Livre de la salsa en 1979, débute son histoire au Palladium mais suit comme une profession de foi ce beau paradoxe selon lequel la salsa, pour la majorité des musiciens qui la jouent et l’ont faite, n’existe pas. Mais dresse tout au long de cette somme obsédée de justesse (factuelle, de ton) une histoire de musiciens, de lieux, d’échanges et d’inventions dont la musique, peu importe comment on veut l’appeler, fut la plus brûlante de son temps pour une communauté immense, du Barrio d’Harlem aux bas-fonds de Caracas.

«Le Barrio demeure sa seule marque définitive», écrit Rondón à propos de ce «mensonge» si vigoureux, musique «urbaine» de choix des Young Lords, les Black Panthers latinx quand bien même l’idée initiale de la Fania, label de référence du genre fondé à New York par Johnny Pacheco, était de faire de l’argent. Rondón est dur en affaires et critique d’à peu près tous les protagonistes de son histoire (Ray Barretto, Willie Colón…) mais son amour de la musique n’en ressort que plus puissamment : peu de livres donnent autant envie de faire des folies chez le disquaire, ou, mieux encore, de prendre des billets d’avion pour Cuba.

Le Livre de la salsa de César Miguel Rondón (Allia).