Menu
Libération
Musique

Malgré les difficultés de l’artisanat, les luthiers tiennent les cordes

Article réservé aux abonnés
Dans un contexte économique de plus en plus difficile, les artisans dévoués à la musique perpétuent une tradition séculaire.
Fanny Reyre Ménard, luthière à Nantes, en mars 2025. (Théophile Trossat/Libération)
par photo Théophile Trossat et Arnaud Ducome
publié le 14 mars 2025 à 15h55

«Quand je tire mon archet, c’est un petit morceau de mon cœur vivant que je déchire. Ce que je fais, ce n’est que la discipline d’une vie où aucun jour n’est férié. J’accomplis mon destin.» Tirée du film multi-césarisé d’Alain Corneau Tous les matins du monde (1991), cette confession est celle de M. Sainte-Colombe, incarné par Jean-Pierre Marielle, grand maître austère de la viole de gambe au XVIIe siècle. Ce janséniste fuyant la cour et les honneurs pour sacrifier sa vie à la musique en composant dans une modeste cabane, rappellera bien des choses aux luthiers. Le même dévouement à la musique les anime d’hier à aujourd’hui. Ancrée dans une tradition séculaire et classée parmi les 281 métiers d’art en France, la lutherie continue de fasciner pour son exigence et sa contribution essentielle au monde musical.

Au cours du XXe siècle, la lutherie a subi de profondes transformations, même si la spécificité du métier a été protégée, notamment grâce à la création de l’école nationale de lutherie, à Mirecourt, dont les premiers cours ont débuté en 1970. Connue pour sa section consacrée à la lutherie du quatuor (violons, violoncelles et altos), cette école est baptisée, en 1988, Jean-Baptiste Vuillaume, luthier célèbre né à Mirecourt (1798-1825), dans les Vosges. Elle y accueille 36 élèves en moyenne, dont certains venus de l’étranger, pour trois ans de fo