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Concert

Masaaki Suzuki dans son jardin d’Haydn

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Le pédagogue et interprète majeur du Cantor de Leipzig, à l’orgue, au clavecin, ainsi qu’à la tête de son propre ensemble, le Bach Collegium Japan, va diriger l’Orchestre de chambre de Paris à la Philharmonie dans «la Création».
Le chef Masaaki Suzuki à Londres, le 20 août. (Eric Dahan)
publié le 26 septembre 2024 à 22h05

Il est 19 heures et, comme presque tous les soirs, de mi-juillet à mi-septembre, 6000 Londoniens rallient le Royal Albert Hall où se déroulent les Proms, festival fondé en 1895 et ainsi baptisé car un quart des spectateurs assistent aux concerts debout, tels des «promeneurs», face à la scène. Au programme, le 19 août, Masaaki Suzuki et son Bach Collegium Japan, qui joue sur instruments anciens, dans la Passion selon saint Jean de Bach. Que le claveciniste, organiste, pédagogue et chef, né le 29 avril 1954 à Kobe, au Japon, se soit imposé comme un interprète d’élection du Cantor de Leipzig peut sembler fou. Son intégrale de la musique vocale du compositeur, en 78 CD, récemment compilée par Bis, l’a pourtant rappelé. Dès 1995, date où l’on découvrit son enregistrement de la cantate BWV 106, dite Actus Tragicus, tout était là : l’équilibre des voix, la clarté rythmique, la chaleur et le naturel dans la conduite du discours, ainsi qu’une souplesse tranchant avec les lectures plus angulaires des pionniers de la révolution musicologique baroque.

Si le vaste Royal Albert Hall ne rend pas justice aux couleurs du Bach Collegium Japan, le public est suspendu aux moindres inflexions du ténor Benjamin Bruns, en évangéliste, du baryton-basse Christian Himmler, claironnant et limpide en Jésus, et de Carolyn Sampson, souveraine dans «Zerfließe meine Herze» : un air porté par les sonorités délicates du hautbois de chasse et des flûtes, aussi célèbre que l’«Erbarme dich» de l