C’était le 21 septembre, comme un cadeau d’anniversaire pour Matthew Halsall qui fêtait dix jours plus tôt ses quarante ans. Le prestigieux Royal Albert Hall accueillait le natif de Manchester à l’occasion de la sortie de son nouvel album, An Ever Changing View. Quinze ans après la création de son label, Gondwana, celui qui persiste à s’envisager comme un outsider dans le monde de la musique pouvait raisonnablement y voir une étape dans sa carrière, pour ne pas dire une consécration. «J’ai pris le temps de construire cette maison de disques, dont le nom s’inspire du supercontinent formé il y a des centaines de millions d’années. L’ambition était de créer un espace débarrassé des frontières esthétiques.»
En 2008, lorsqu’il se lance dans l’aventure en publiant un premier disque sous son nom, ce trompettiste grandi à l’école des big bands a déjà l’idée d’en faire une plateforme pour la scène locale, mais il est loin de penser que la nouvelle vague du jazz en version anglaise va produire un tsunami. «On ne peut que s’en féliciter quand on sait le manque de reconnaissance de cette musique à l’époque. Les labels indépendants étaient alors au bord du gouffre, à cause de la concurrence du téléchargement illégal. Les plateformes comme Spotify, Deezer ou Bandcamp ont permis d’avoir des revenus et d’installer cette scène, à la croisée du jazz et de la culture club, du hip-hop et même de la pop, dont le public a une perception du jazz bien différente des aînés.»
«Lentement mais sûrement»
Quinz