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Archéomusicologie

Maya Dunietz et Emahoy Tsegué-Maryiam Guèbrou, notes de mystique

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Un après sa mort, la musicienne israélienne continue d’honorer l’œuvre singulière de la compositrice et pianiste éthiopienne. Celle qui vécut recluse dans un monastère à Jérusalem lui avait confié il y a quelques années une quantité énorme de partitions en vrac.
C'est après avoir écouté le volume 21 des Ethiopiques que Maya Dunietz avait pris contact avec Emahoy Tsegué-Maryiam Guèbrou. (Dudi Hasson)
publié le 5 juillet 2024 à 11h46

C’est un classique des compilations «Ethiopiques» : la découverte d’un artiste de la corne de l’Afrique qui provoque un choc esthétique. Après Mahmoud Ahmed, ce fut le cas en 2006 avec Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou, révélée par une sélection de piano solo qui ne ressemble à rien de connu sur Terre. «Pianiste et compositrice. Vocation fondamentale. Tout le reste n’est que fortune contrariée et logique du chagrin» pouvait-on lire à l’époque dans les notes de pochette, réalisées par celui qui fouille depuis bientôt quatre décennies les trésors éthiopiens. Francis Falceto reste encore ébahi en 2024 par la fulgurance de ce qu’il nomme un ovni. «Même si je me leurre pas sur le goût pour les petits vieux que l’on sort de la naphtaline, je suis très content pour cette musicienne qui ne rêvait que de faire une belle carrière.»

Cette musicienne, née Yewubdar Guèbrou le 12 décembre 1923 à Addis-Abeba au sein d’une famille de lettrés, aurait dû rester confinée dans les oubliettes de l’histoire. Partie étudier la musique en Europe, exilée pour cause d’invasion fasciste, puis brisée dans son élan artistique à son retour à Addis-Abeba par le Négus. A 25 ans, elle se retirera dans un monastère, sans néanmoins rompre avec la musique, enregistrant même quatre recueils entre 1963 et 1972, avant de s’installer au monastère éthiopien de Jérusalem, en 1984. C’est là que suite au déclic que provoqua ce fameux volume 21 des Ethiopiques,