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Libération
On y croit

Mdou Moctar, Prince du désert

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Sixième album du virtuose touareg au carrefour de la férocité rock et de la tradition des chants lancinants.
Mdou Moctar, le guitariste prodige du Sahel, avec son groupe. (DR)
publié le 23 mai 2021 à 22h50

«Dans la ville d’Agadez, où les guitares sont reines, les musiciens feront tout pour réussir», pose la bande-annonce d’Akounak Tedalat Taha Tazoughai. Réalisé en 2014 par l’Américain (fondateur du label Sahel Sounds) Christopher Kirkley, le film est un remake en langue tamasheq de Purple Rain, l’ascension de Prince à Minneapolis devenant celle de Mdou Moctar au carrefour nigérien des routes transsahariennes. Dans le sillon ouvert dans les années 90 par Abdallah ag Oumbadougou et Tinariwen, qui troquèrent les kalachnikovs de la rébellion touareg contre des guitares électriques, Mdou Moktar creuse moins le blues que le rock, à la manière de son compère Bombino produit par Dan Auerbach des Black Keys.

Adepte d’Eddie Van Halen, le gaucher est capable de joliesses folk mais apprécie aussi de malmener sa Fender Stratocaster, trente ans après avoir bricolé sa première six-cordes avec des câbles de vélo. Son sixième album, Afrique Victime – titre étanche aux débats sur la nocivité des discours victimaires – prône l’amour, la fraternité et la paix sur le continent, avec une dose de religiosité. Ouvert par les chants du coq et des criquets dans Agadez qui s’éveille, Mdou Moctar y pousse loin les curseurs du solo héroïque, mais sans lâcher le fil qui le relie aux mélopées traditionnelles.

Les riffs abrasifs, doublés par la guitare rythmique de d’Ahmoudou Madassane et la batterie de Souleymane Ibrahim qui frappe hard, forment un son encore épaissi par la