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Musique

Mixtapes de rap : de la débrouille à l’ère industrielle

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Tremplin des jeunes rappeurs dans les années 90, la mixtape n’est plus ce format né dans la rue et conçu pour les passionnés, mais un terme marketing pour désigner un album qui n’ose pas dire son nom.
Pochette de la mixtape de Mr LE FAIRE d'Infinit' (2024) (Lucas Gouet et Hologram Lo’)
par Maxime Delcourt
publié le 25 avril 2025 à 15h54

En 1990, la légende veut que JoeyStarr soit revenu de Marseille avec une cassette dans la poche. Nommée Concept, celle-ci n’a été tirée qu’à 400 exemplaires, a été enregistrée avec les moyens du bord, et contient les premiers morceaux d’IAM. Ce pourrait être une «cassette démo», comme les jeunes artistes en réalisent pour démarcher les maisons de disques, mais elle n’est pas destinée aux professionnels. Il s’agit plutôt d’une mixtape, support emblématique du hip-hop, venu des États-Unis, où les DJ se servent de ces cassettes mixées pour enregistrer leur performance, mettre en avant de jeunes MC et les diffuser en toute débrouille dans la rue, au plus près de la population, en marge des circuits traditionnels.

En France, la démarche est alors inédite, mais va se multiplier au cours de la décennie qui s’ouvre. Dans le sillage de Concept, d’autres mixtapes voient progressivement le jour sous l’initiative des meilleurs DJ que compte l’Hexagone. Durant les années 90 sortiront notamment les cassettes de