Des comme ça, il y en a toujours eu : Eagles, Dire Straits, Spin Doctors, Nickelback… Des groupes conspués en masse, capables de former une entente hostile, d’unir dans la détestation. Mais depuis une vingtaine d’années, le segment s’est appauvri. Le conglomérat de la haine ne se réunit plus qu’autour d’un nom, un seul : Coldplay. L’équivalent musical d’un assistant comptable ou d’un pot-pourri senteur baies roses, un Radiohead aux angles arrondis, un groupe tellement normal que même les gens normaux ne peuvent pas le blairer. Ecouter Coldplay, ça voulait dire qu’au grand restaurant de la vie, celui qui sert des mousses de lentilles au vin jaune et du rougail saucisse aux huit piments, on avait choisi les nouilles à l’eau avec supplément brocoli vapeur – impardonnable.
Dans la série britannique Slow Horses qui se passe dans le milieu de l’espionnage, l’un des personnages a un CD de Coldplay coincé dans son autoradio et à chaque fois qu’une scène se déroule dans sa voiture, on entend systématiquement la même chanson du groupe en fond. Et ce qui est d’abord un gag finit par progressivement s’estomper – au bout d’un moment, la chanson fait partie du décor, on ne la remarque plus.