«Betty a eu une grande influence sur ma vie personnelle et musicale. Elle m’a fait découvrir la musique de Jimi Hendrix ainsi que d’autres musiciens de rock noirs. Elle connaissait Sly Stone, tous ces types et elle était très forte elle aussi. Si elle chantait aujourd’hui, ce serait quelque chose comme Madonna, ou comme Prince, mais en femme.» S’il ne lui consacre que quelques phrases dans son autobiographie, Miles Davis n’en est pas moins explicite sur le rôle de celle avec qui il se mariera en septembre 1968. Betty Mabry, celle-là même dont le visage orne la pochette du génial Filles de Kilimandjaro enregistré en cette fin d’été 1968. La même aura la bonne idée de suggérer au trompettiste de changer le nom de l’album qui devait s’intituler «Witches Brew» («décoction de sorcières») en Bitches Brew, ce qui fait toute la différence. Tout comme elle relooka Miles de pied en cap à la mode psychédélique, la jeune femme qui s’affichait alors en pleine page des magazines branchés va modifier de fond en comble sa musique, y faisant entrer définitivement la guitare électrique et plus largement tout l’esprit freak de l’époque. Au regard de l’histoire de la musique, ce n’est pas rien, quand on connaît la suite.
L’idylle, ponctuée d’autant de coups d’éclat que de grands fracas, ne durera que le temps de quatre saisons mais accouchera d’une poignée de chansons ressorties de l’oubli par le label Light In The Attic. Coproduit par Teo Macero et Miles Davis (on y