La musique cosmique allemande a perdu son clochard céleste. Tellement clochard qu’il n’a jamais vraiment appartenu, de son propre aveu, au groupe qui fit de lui une superstar underground, Can. Et tellement céleste que l’on se demande encore, un demi-siècle après l’avoir entendu en concert et sur disque, ce qu’il pouvait bien raconter dans son micro. Après le guitariste de Can Michael Karoli en 2001, puis le bassiste et claviériste Holger Czukay ainsi que le batteur Jaki Liebezeit en 2017, le chanteur du groupe allemand, Damo Suzuki, s’est éteint ce vendredi 9 février à 74 ans.
Ces dix dernières années, il avait lutté tant et plus contre un cancer du côlon qui avait emporté son père quand il n’avait que 5 ans, frôlant la cinquantaine d’opération et se prêtant à un documentaire (1) racontant un long combat qui ne l’aura jamais vraiment éloigné de la scène. D’un tempérament égal, il y apparaissait comme à ses plus beaux jours. «Je suis optimiste, expliquait-il alors au Guardian. Et si vous avez des pensées positives, tout ira bien.»
Une après-midi de mai 1970 sur un trottoir de Munich
L’étrange destin de ce Japonais ambitionnant adolescent de «faire des bandes dessinées» s’est tramé une après-midi de mai 1970 sur un trottoir de Munich. Lâché par son chanteur améri