Il y a dans le rock une théorie disputée mais bien réelle qui veut que les faux Mick Jagger soient meilleurs que le vrai. Argument solide : Steven Tyler d’Aerosmith, sa copie américaine plus que parfaite, l’a toujours nettement dépassé du point de vue technique. Argument massue : David Johansen, voix des New York Dolls, l’éteignait sans le moindre effort. «Chanteur /acteur /songwriter /amuseur de génie qui, bien plus qu’un simple trésor caché du rock, en est la caverne d’Ali Baba à lui tout seul», écrivait Bruno Juffin dans les Inrockuptibles en 2004. Notez qu’il écrit «caverne d’Ali Baba» et pas «Fort Knox» ou «banque centrale». Il y avait chez Johansen un art du clinquant et des tapis volants, de la pacotille, de la surenchère, du trop, trop vite, trop fort, qui le plaçait au-dessus du lot, incontestable empereur dans un monde, le rock, où tout était excès et illusion. Meneur des New York Dolls, troupe dégénérée et hautement influente, pilier central du glam rock américain, pionnier de toute la vague punk, mais qui se déboulonnait de toutes parts à mesure qu’elle avançait. Un groupe de losers autoproclamés dont il était depuis 2021 le dernier membre survivant. Toutes les poupées sont désormais rangées dans leurs boîtes : David Johansen est mort vendredi 28 février à 75 ans.
Né à Staten Island, au su