Menu
Libération
Cinéma

Mort de David Lynch : ses ondes de rock

Article réservé aux abonnés
Avec ses albums «Crazy Clown Time» ou «Bluebob», le cinéaste a abordé le genre hors de la réalité en habitant de nombreux disques plus palpables que bien des classiques.
Nicolas Cage dans «Sailor et Lula» (1990). (Landmark Media /Alamy. Photo12)
publié le 17 janvier 2025 à 20h16

En 1997, David Lynch racontait au journaliste américain Chris Rodley se souvenir du moment exact où sa passion pour la musique avait commencé. A la fin de l’été 1956, à Boise, dans l’Idaho, aux alentours de 21 heures. «Des ombres s’étendaient partout. Il faisait chaud. Mon voisin Willard Burns est arrivé en courant depuis le bas de la rue, à trois maisons de distance et m’a dit : “Tu l’as raté !”, “quoi ?” lui ai-je demandé. Et il a répondu “Elvis au Ed Sullivan Show !” Et ça m’a, comment dire, mis la tête en feu. Comment ai-je pu rater ça ? Pourtant j’étais content de l’avoir manqué : l’évènement fut d’autant plus grand dans ma tête.» Le déclic pour Lynch n’a pas été l’image ou le son, mais son absence – ce qu’il a raté, ce qu’il n’a pas pu avoir. De la même manière qu’un événement réel peut atteindre une vérité plus tangible, plus complète et finalement plus profonde lorsqu’il est traité par le biais de la fiction, Lynch a abordé le rock hors de la réalité, en se basant sur le fantasme, l’inatteignable – et en a façonné une version finalement plus pure et plus intense que ceux qui, comme son voisin Willard Burns, l’avaient expérimenté de première main.

Dans sa filmographie, l’exemple le plus criant est évidemment Sailor et Lula, conte électrique entièrement fondé sur cette conception exubérante et fantasmé