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Disparition

Mort du compositeur brésilien Hermeto Pascoal, un mage à l’art libre

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Iconoclaste et farceur, le magicien du son, dont le jazz porte résolument les influences de son Nordeste natal, est mort samedi 13 septembre à l’âge de 89 ans.

Le Brésilien Hermeto Pascoal en concert à Amsterdam en 1989. (Frans Schellekens/Redferns. Getty Images)
Publié le 14/09/2025 à 15h25

«Je suis né avec la musique et elle m’accompagne depuis toujours, partout.» C’est ainsi que tout a commencé et que tout s’est terminé pour Hermeto Pascoal. Deux yeux écarquillés, tout ronds, des mains joliment potelées, une longue tignasse qui cachait des idées aussi foisonnantes que sa barbe qui lui donnait des faux de Barbapapa. Et puis un grand sourire sur tout ce qui l’entoure, comme un enfant constamment amusé par l’ironie de ce monde.

C’était ça Hermeto Pascoal ; un expert de l’inopiné, un savant alchimiste qui pratiquait tous les types de mélanges pour inventer une formule incomparable. «Je suis un peintre», avait-il répondu un beau jour quand on lui demandait s’il était arrangeur, compositeur ou instrumentiste. De l’art brut et raffiné, du style et des idées, du jazz et puis le reste, tout l’univers de son sertão natal, sa musique semblait sans limite tout en étant puissamment enracinée. Il jouait avec tout, avec tous. N’avait-il pas un jour confié pour ambition première : «J’ai toujours voulu faire une musique universelle, qui parle de tous, à tous, pour tous.» Au Brésil, comme sur les scènes du monde entier, il était vénéré tel un prophète, passé depuis belle lurette au rang de personnalité totémique, un magicien du son pour paraphraser un de ses albums.

«Cela jaillit !»

Sa musique aura raconté le fabuleux destin d’un enfant apparu sur Terre dans l’Alagoas, Etat du nord-est du Brésil, dans un environnement populaire et mélangé, en juin 1936. «Les premiers sons