C’était un homme de pouvoir, formé à l’Institut d’études politiques de la rue Saint-Guillaume, qui s’était d’abord signalé dans des cabinets ministériels – l’Agriculture et l’Education nationale – avant d’opérer dans son domaine de prédilection : la culture et les arts. Un gentleman, au physique imposant mais au sourire affable, même lorsque son bras de fer avec les syndicats venait d’aboutir à l’annulation d’une première, et qu’il devait l’annoncer à quelques minutes du lever de rideau de Bastille ou du Palais Garnier. Un esprit libre qui, bien que classé à droite, entraînait systématiquement votre serviteur au cocktail qu’il organisait à l’entracte, les soirs de premières, sachant pertinemment que l’on risquait de critiquer le chef, le metteur en scène ou les chanteurs du spectacle, devant des ministres et des capitaines d’industrie embarrassés, et l’écrire ensuite dans Libération.
Authentique libéral
Son «métier impossible», pour pasticher Freud, Hugues Gall le pratiquait avec autant de sérieux que de bienveillance, d’amour que d’humour. S’étant exercé, enfant, au piano, au violon, et au chant choral, et ayant étudié la littérature allemande à la Sorbonne, il avait des intuitions très justes en matière de politique artistique. Nommé secrétaire général de la Réunion des théâtres lyriques nationaux à partir de 1969, il réforma l’Opéra de Paris, que d’aucuns voulaient alors fermer pour la nullité de sa programmation comme de sa fréquentation, en suggérant d’engager le compositeur et direc