Lorsque se pose la question de savoir qui a inventé le punk rock, la plupart des gens répondent généralement Johnny Rotten ou Malcolm McLaren. Mais ce serait oublier qu’ils l’ont volé à Richard Hell. Qui l’a lui-même volé à Iggy Pop. Qui l’a volé à Lou Reed. Qui l’a volé à Marlon Brando. Qui l’a volé à James Dean. Qui l’a volé à Robert Mitchum. Qui l’a volé à Errol Flynn. En réalité, la question n’a pas à être posée : personne n’a vraiment inventé le punk. Il traîne là depuis toujours. C’est un fluide, un esprit, un moteur. Si on s’en tient au look en revanche, celui des clichés tenaces, du Londres 1977 tout en crêtes rouges, cuir, chaînes, combat boots et barres d’eye-liner, alors il faut citer Jordan Mooney, si ce n’est comme originatrice, au moins comme point convergent, comme figure centrale.
Née Pamela Rooke en 1955, Jordan a grandi à Seaford dans le Sussex de l’Est, où elle exprime dès son plus jeune âge un sens inné de l’excentricité et de l’outrage. A 16 ans, elle copie le look de Mia Farrow dans Rosemary’s Baby et part danser en club à Brighton, puis Londres, sur les disques de David Bowie et Roxy Music. «La remarque qu’on m’a le plus souvent faite au début du punk, raconte-t-elle dans une interview, c’est qu’il avait dû me falloir un sacré cran pour sortir dans la rue habillée comme ça. Mais je ne me suis jamais posé la question