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Disparition

Mort de la chanteuse Mary Weiss, voie furieuse du rock

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Au sein des Shangri-Las, girl group emblématique des sixties, la New-Yorkaise avait conté les désillusions adolescentes avant de disparaître de la scène à la fin des années 60. Elle est morte vendredi 19 janvier.
Mary Weiss au centre, entourée de Marge Ganser et de sa sœur Betty en 1977. (Roberta Bayley/Redferns. Getty images)
publié le 20 janvier 2024 à 15h57

Le rock américain à l’os, c’est vingt secondes. Celles qui ouvrent What is Love (sans point d’interrogation, on affirme), single sorti en 1964 sous l’étiquette du label Red Bird (réf. 10014) et face B d’un authentique monstre, Leader of the Pack, qui allait changer la face de la musique populaire aux Etats-Unis et partout au-delà : le crescendo en même temps que le crash, la voix d’une très jeune fille comme une course à la mort tentant de hurler quelque chose dont elle ne sait rien (ce qu’est l’amour) mais dont elle a la certitude butée que ça doit être dit quand même, et à s’en arracher les poumons. Mary Weiss avait alors 15 ans. Elle est morte vendredi 19 janvier, à 75 ans.

Elle en aura 17 quand son groupe, les Shangri-Las, passera la main dans un fracas de désaccords contractuels avec sa maison de disques : «Ma mère avait signé de très mauvais contrats», expliquera-t-elle. Deux années pour marquer leur temps au fer rouge. Et ouvrir une voie radicale et précise qui, depuis, n’a fait que prospérer, essaimant dans tous les genres musicaux, jusqu’au metal ou aux formes les plus sombres de la musique électronique : l’adolescence, c’est la mort à chaque tournant. En 1966, les Shangri-Las en termineront d’ailleurs presque (deux singles suivront) sur leur production la plus sinistre, Past, Present and Future, construite à partir de la Sonate au clair de lune de Beethoven.

Son accidentel, violent, ouvert sur le monde

Un tour de force passé presque inaperçu dans le contexte musical délirant e