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Disparition

Mort de la pianiste Carla Bley : iconoclaste mondiale

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L’artiste américaine, musicienne hors pair, avait réussi à imposer son style dans un milieu très masculin. Elle est morte mardi à 87 ans.
Carla Bley en février 1979. (Roger Ressmeyer/Corbis/VCG via Getty Images)
publié le 18 octobre 2023 à 16h31

C’est au vestiaire du Birdland que son destin a basculé. Dans ce temple du jazz new-yorkais des années 50, Carla Bley officie alors comme préposée aux cigarettes. Un petit boulot qui va ouvrir les portes du jazz pour celle qui vient de débarquer à 17 ans de la côte Ouest, où elle est née en 1936 sous le patronyme de Karen Borg. Elle y croise tous ceux qui comptent en ville, mais surtout le pianiste Paul Bley qui est alors en train de fomenter avec quelques autres, Ornette Coleman en tête, ce que l’on nommera le free jazz. Ils se marient en 1957, et la jeune passionnée de musique va devoir encore patienter quelques années pour se faire un prénom au sein d’un milieu d’hommes, qui relègue à quelques notables exceptions les femmes au rôle de chanteuse.

Pas le genre de Carla Bley, appréciée pour son indépendance d’esprit et son franc-parler, qui a grandi auprès d’un père cul-béni, organiste et professeur de piano, qui lui faisait réciter les cantiques à l’Eglise et la mit au tabouret, avant qu’elle ne s’échappe à l’adolescence, sans quitter bien au contraire le monde la musique. Elle vend des partitions, joue dans les pianos-bar de seconde zone, tout en composant dès que possible. C’est cette qualité que Paul Bley va surligner en jouant les thèmes qu’elle compose : Ida Lupino comme Lawns deviendront des standards. Carla Bley s’affranchit de sa tutelle en rencontrant le trompettiste Michael Mantler, son futur deuxième mari. Ensemble, ils prennent la direction de la Jazz Composer’s