«Ça y est, l’enfant de putain est de retour.» Ce n’est pas la réplique d’un western, ni le second couplet d’une chanson country : c’est ce qu’a dit Lisa Kristofferson en voyant arriver son mari, Kris Kristofferson, alors qu’elle l’attendait depuis plusieurs dizaines de minutes chez elle, en compagnie d’un journaliste de Rolling Stone venu faire son portrait, au printemps 2016. Que dire d’autre ? Kris Kristofferson était un monstre indomptable du songwriting américain, celui devant qui toutes les légendes bafouillaient, face à qui les statues avaient l’air de Playmobil. Bob Dylan, Johnny Cash, Nick Cave – tous lui vouaient une admiration sans bornes. Un vagabond perdu à Hollywood, devenu acteur avec Sam Peckinpah et Dennis Hopper, propulsé au rang de star avec Une étoile est née en 1976 avant de prendre la tangente à travers champs. Une figure indéboulonnable de la culture populaire américaine, qui sur la fin de sa vie luttait contre la maladie comme si c’était une écharde fichue dans un doigt de pied, n’envisageant pas une seconde qu’on puisse prendre le dessus sur lui, irascible, têtu, forcené.
Né en 1936 à Brownsville, Texas,