Certains films changent l’histoire du cinéma, certaines musiques aussi. Compositeur prolifique de jazz, de bossa, de funk, de variété ou de rock psyché, Lalo Schifrin a posé sur les bandes optiques des pellicules 35mm des paysages sonores d’une vastitude inouïe. Pour parvenir à ce niveau de production et de richesse, il avait un secret, expliqué à Libé en 2016 : «Je n’ai pas de problème d’inspiration. Je me mets à composer, et la musique vient toute seule. Je le sais. La musique est une solution. Liszt, Chopin, Vivaldi, Berio, même Guillaume de Machaut, ce que l’on entend d’eux est une solution.» Lalo Schifrin est mort jeudi 26 juin, il venait de fêter ses 93 ans.
Né en 1932 à Buenos Aires dans une famille juive, Lalo est poussé très tôt à la pratique musicale par son père, premier violon au Teatro Colón, l’opéra national argentin, quand son oncle en est premier violoncelle. Il prend des cours de piano avec un ami de son père, le sévère Enrique Barenboim, le père de Daniel – et il est attendrissant d’imaginer le jeune Lalo, 10 ans, entrer dans l’appartement des Barenboim quand le nourrisson Daniel gazouille dans le salon, ces deux juniors devenant quelques décennies plus tard des phares mondiaux du classique et du contemporain. La formation de Lalo est complétée par le théoricien Juan Claudio Paz, qui lui fait notamment découvrir les compositeu