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Libération
Disparition

Mort de Quincy Jones, flagrant génie du jazz et de la pop

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Ray Charles, Count Basie, Frank Sinatra, Aretha Franklin et bien sûr Michael Jackson… Au long d’une carrière qui n’a jamais quitté les sommets, le trompettiste de jazz devenu arrangeur a composé ou produit mille et un albums devenus cultes, jusqu’au hit ultime: «Thriller». Et marqué de son empreinte plus d’un demi-siècle de musique américaine, du be-bop au hip-hop en passant par la pop.
Quincy Jones dans les caves de la tour Eiffel à Paris le 22 décembre 1957. (Jean-Pierre Leloir /GAMMA-RAPHO)
publié le 4 novembre 2024 à 9h05

Il était une fois en Amérique. C’est bien de cela qu’il s’agit à l’heure de raconter le fabuleux destin de Quincy Jones, mort ce lundi 4 novembre à 91 ans, un homme parti de moins que rien pour aller au plus haut, star parmi les étoiles d’Hollywood. Vingt-sept grammys, des médailles honorifiques dignes d’un apparatchik, des tubes en veux-tu en voilà, dans tous les registres, pour tous les goûts, à toutes les époques, ces quelques breloques et certifications dont se repaît l’industrie du disque ne disent que trop peu d’un tel talent à la croisée de deux siècles. «Des premiers jets à Internet, j’aurai vraiment vu le monde changer. J’espère juste que les satellites et les téléphones cellulaires ne vont pas tout homogénéiser, que les peuples sauront garder leur identité», s’inquiétait-il en 2000 dans Libération. Incarnant mieux que quiconque le rêve américain, Quincy Jones n’en était pas moins lucide sur l’avenir d’un monde qui ne tourne pas si rond.

En 2000, il rencontrait «Libération»

Tout n’était vraiment pas écrit d’avance dans cet épique roman qui compose une telle vie : enfance de misère, dans le South Side de Chicago où il est né le 14 mars 1933, à manger ce que peut bien dénicher sa grand-mère. Une mère bientôt aux abonnées absentes, hormis dans ses cauchemars, pour cause de schizophrénie; un père charpentier-menuisier qui doit se démener avec la marmaille. Il manque de tout, il va en garder un sens de la débrouille. Le petit Quincy Delight Jones Jr; est alors un des nombreux gamins du quartier