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Disparition

Mort de Sly Stone, le groove incandescent d’une utopie hippie

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Il a révolutionné la soul, réuni le funk et le psychédélisme des années 1960 : avant de sombrer dans la drogue, le leader de The Family Stone aura, au travers de trois albums mythiques à l’influence durable, ouvert la voie à Prince et donné un souffle de liberté multiraciale au rock américain. Il est mort ce lundi 9 juin, à l’âge de 82 ans.
Sly Stone et sa Fender Telecaster en 1969. (Michael Ochs Archives)
publié le 9 juin 2025 à 22h02

«Don’t call me nigger, whitey /Don’t call me whitey, nigger.» (1) Cette interpellation de 1969 rappelle d’emblée qui fut Sly Stone pour toute une génération. Un utopiste debout qui envisageait le monde multicolore, un sacré fouteur de troubles pour tous ceux atteints d’achromatopsie, une vision caractérisée par la cécité des couleurs. Le genre de type qui parvint à réunir dans un même élan novateur les doux délires psychédéliques et les puissantes fièvres du funk. Don’t Call Me Nigger, Whitey, titre en forme d’acmé d’une prise de conscience que le musicien, à la tête d’un groupe interacial, The Family Stone, entendait à double sens.

Woodstock et Miles Davis

Sur le même disque, intitulé Stand ! se trouvait surtout Everyday People, plaidoyer pour l’unité et la fierté de la diversité, qui parviendra au sommet des charts pop et r’n’b. Premier de ses singles à atteindre le numéro un, le titre fera l’objet de nombreuses reprises, par Billy Paul comme Arrested Development. Pas de doute : au moment d’aborder le virage relevé des années 1970, Sly Stone est au top, incontournable comme le prouve sa présence sur la scène de Woodstock en août 1969, conciliant l’expérimental et le cross-over, la colère et la douceur, l’attitude rock et la coolitude soul… Même Miles Davis, plut