«La Souris Déglinguée est peut-être le premier groupe de rock’n’roll français, écrivait Laurent Chalumeau dans Rock & Folk au début des années 80. La Souris ne désigne aucun modèle anglo-saxon. Le rock, ses membres ont dû le réinventer, plutôt que de l’apprendre ou de le décalquer. Et ils l’ont réinventé : dans toute la fureur de son esprit originel, sans jamais s’excuser de la “francité” qu’ils lui imposent dans la Lettre.» Pour se convaincre d’une telle affirmation, il suffisait de poser les yeux sur Tai-Luc. Adolescent poupon et mauvais garçon, rageur et mélancolique, le chanteur-guitariste de La Souris Déglinguée portait dans le regard, la voix et les attitudes toute l’essence de cette musique – cette friction qui naissait de contradictions, mélange de colère et de résignation, violence à la fois jetée à la face du monde et retournée contre soi-même.
Né en 1958 à Suresnes dans les Hauts-de-Seine, d’un père vietnamien et d’une mère française, Tai-Luc Nguyen Tan a ricoché d’une banlieue à l’autre – Nogent, Saint-Ouen, Montmagny – avant de se fixer dans une cité-dortoir de Vélizy-Villacoublay. Bon élève, il intègre le prestigieux lycée Hoche à Versailles où il rencontre Jean-Pierre Mijouin, guitariste avec qui il formera, en 1976, La Souris Déglinguée. Initié à la musique par son père, qui le traîne à l’Open Market, disquaire mythique des Halles fondé