C’était en 1988 : l’album solo Kaïra témoignait du talent d’un tout jeune musicien, qui allait dès lors faire vibrer sa kora dans de plus grandes formations, avec des musiciens d’autres horizons. A commencer par Ketama et José Soto, qui vont la même année cosigner le visionnaire Songhaï, soit le mariage abouti entre les étoiles du flamenco et la nouvelle star du mandingue. Ce n’était là que de premiers pas pour Toumani Diabaté qui, tout en continuant de fertiliser le profond sillon de sa tradition, va croiser son doigté avec des musiciens aux univers les plus variés : Taj Mahal, Björk, Damon Albarn, Roswell Rudd, Dee Dee Bridgewater, Arnaldo Antunès, Kayhan Khalor… Impossible de circonscrire dans une case bien délimitée ce Malien qui n’aura jamais cessé avec style de s’amuser à jouer à saute-mouton avec les catégories. Et pourtant, ce n’était pas joué d’avance pour celui qui portait le poids de toute une tradition.
Histoire de famille
Né le 10 août 1965 dans la capitale malienne, le prodige de Bamako avait de qui tenir. Son père n’était autre que le légendaire joueur de kora Sidiki Diabaté, héritier d’une famille de griots qui remonterait à plus de 70 générations ! Ce père à qui il avait rendu en 1999 un vibrant hommage avec Ballaké Sissoko, autre koriste d’exception, lors de Nouvelles cordes anciennes, un disque qui faisait éch