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Disparition

Mort de Wayne Kramer, rock à tout cramer

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Le guitariste américain, ultime icône du groupe précurseur du punk MC5, ayant ouvert une voie essentielle pour le rock, est mort le 2 février 2024.
Ann Arbor (Michigan), en 1969. (Leni Sinclair/Michael Ochs Archive. Getty Images)
publié le 4 février 2024 à 18h03

Hippies traînés par les cheveux, défoncés à coups de matraque, police armée, jets de pierres, Vietnam, coupes afro, marijuana, LSD, harangues survoltées, guitares qui sonnent comme des coups de mortier, action frénétique, allumage de réacteurs pharaoniques, explosions, nuages pourpres, forteresse cosmique fonçant à travers l’espace. Tels sont, en substance, les images qu’évoque Kick Out the Jams, premier album du MC5, paru en 1969. Un enregistrement live de ce groupe de Detroit unique, fou et vital, qui ne tiendra que quelques années, ne connaîtra jamais le succès ni la reconnaissance de son vivant, mais deviendra dans le désordre emblème, légende, référence et horizon indépassable – et préfigurera accessoirement tout un pan de la musique à venir, des Ramones à Rage Against the Machine en passant par Public Enemy. Un groupe aussi essentiel que les Stooges ou le Velvet Underground, et dont il ne reste plus aujourd’hui qu’un membre, le batteur Dennis Thompson que la plupart des gens, même parmi les plus avertis, seraient infoutus de reconnaître s’ils le croisaient à la boulangerie. L’ultime icône du groupe, le guitariste Wayne Kramer, est mort le 2 février 2024 d’un cancer du pancréas, à l’âge de 75 ans.

«Travailler comme un dingue et tout sacrifier, juste pour monter sur scène devant des milliers de personnes et attendre que ces personnes vous aiment en retour – ça veut juste dire que quelque chose déconne profondément chez vous. Ça n’a absolument rien de sain.»