Son «énergie et sa grâce» avaient fasciné jusqu’à Steven Spielberg, ce qui donne une idée de sa popularité au XXe siècle. Seiji Ozawa, mort mardi 6 février à Tokyo, à l’âge de 88 ans, était un chef d’orchestre rayonnant, et un homme attachant. Sa modestie et sa simplicité, qui tranchaient avec l’égomanie de nombre de ses collègues, ont pu faire négliger à certains son importance. Il suffit pourtant d’écouter les meilleurs disques qu’il a enregistrés avec l’orchestre symphonique de Boston, dont il fut le directeur musical pendant presque trente ans, pour en prendre la mesure. Ses Gurrelieder de Schönberg avec Jessye Norman, ses ballets de Ravel, dont Ma mère l’Oye et Daphnis et Chloé, et son Roméo et Juliette de Prokofiev – sans parler de son Concerto pour orchestre de Bartók, enregistré avec le symphonique de Chicago – sont toujours aussi terrassants de clarté, de souplesse et de précision dans la gestion des rythmes et des couleurs.
Des qualités qui faisaient de lui un moderniste et un serviteur remarquable de la musique française, de Fauré à Dutilleux, dont il avait créé, à Boston en 1997, The Shadows of Time, en passant par Messiaen dont on n’est pas près d’oublier la création mondiale de Saint François d’Assise, en 1983 à l’opéra Garnier. Lorsque l’on réécouta Ozawa, quinze ans plus tard dans cette