La première image qui nous revient en mémoire de Jean-Philippe Allard, c’est celle d’un homme dans son grand bureau, alors qu’il a pris la direction de Polydor, label majeur dans une major : au mur, que des photos en noir et blanc de musiciens de jazz et de blues. C’était cela Jean-Philippe Allard, un mélomane et fan de jazz qui aura réussi à remettre cette musique déconsidérée au cœur de la principale maison de disques française, en passe de devenir Universal. Ce qui fera dire à la chanteuse Juliette qu’il avait signée : «Il est un directeur de label qui aime le jazz. Et aimer le jazz à notre époque, ce n’est pas n’importe quoi : c’est aimer les musiciens, avoir avec eux des rapports différents.» Une autre Juliette (Gréco) qu’il avait remis en scène ne manqua jamais de saluer cette qualité première, tout comme Abbey Lincoln, grande voix afro-américaine dont celui que l’on appelait d’un simple «Jean-Phi» avait permis une résurrection.
Car avant de devenir en 1998 le patron de Polydor, puis des éditions Universal en 2007, signant de toutes jeunes pousses (Feist et Ayo notamment), comme des anciennes gloires (Salvatore Adamo et Brigitte Fontaine), Jean-Philippe Allard fut à la tête du pôle Jazz de Polygram, un poste qu’il avait obtenu en 1987 grâce à Marc Lumbroso, autre capitaine de cette industrie du disque qui restera son mentor. Ex-disquaire à la Fnac, le natif de Saint-Mandé entame à 30 ans une nouvelle carrière avec pour sparring partner un autre fondu de c