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Disparition

Mort du saxophoniste David Sanborn, élégant jusqu’au dernier souffle

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Recherché pour son jeu économe et sa sonorité mordante de Stevie Wonder à David Bowie, en passant par Gil Evans, puis parangon d’un «smooth jazz» insipide à partir de 1975, le saxophoniste superstar s’est éteint dimanche 12 mai, à 78 ans, des suites d’un cancer de la prostate.
David Sanborn dans l'Illinois en 29 juillet 1982. (Paul Natkin/Getty Images)
publié le 14 mai 2024 à 12h47

C’était l’un des saxophonistes parmi les plus célèbres et adulés du public, dont la force – une sonorité mordante et lyrique, immédiatement reconnaissable, et un jeu économe qui allait droit au but – constituait également la faiblesse : on avait vite fait le tour de son art et de son œuvre, si tant est que l’on peut accoler ces mots à ses albums de jazz d’ascenseur, publiés dès le milieu des années 70, et qui allaient inspirer Kenny G et Candy Dulfer. Le réduire à ses disques insipides et ses innombrables imitateurs serait pourtant injuste, eu égard à ses premiers et prometteurs coups d’éclat.

Une empreinte laissée sur de nombreux classiques

A commencer par ses prestations au sein du groupe de Paul Butterfield : bien que jouant en section, dans l’ombre du chanteur et harmoniciste de blues, Sanborn imposa sa griffe inimitable à Woodstock, comme en témoignent les quelques secondes du fameux documentaire sur le festival où on l’aperçoit. Stevie Wonder l’invita ensuite sur Talking Book, son chef-d’œuvre de 1972. A défaut d’adorner les tubes You Are the Sunshine of My Life et Superstition, sa prestation impeccablement funky sur Tuesday Heartbreak confère à ce titre une élégance urbaine qui fera mouche ensuite dans le rock de David Bowie. Ce dernier lui laisse toute latitude sur le Diamond Dogs Tour, qui débute en juin 1974, occasion de fabuleux solos sur The Width of a Circle et Sweet Thing captés sur le double album David Live. Après ce galop d’essai, le dandy glacé l’élèvera au