Muireann Bradley, I Kept These Old Blues (Tompkins Square)
Sur une vidéo maison publiée en décembre via YouTube, dans laquelle elle reprend le classique blues When the Levee Breaks de Memphis Minnie, on peut la voir jouer en remuant les lèvres à chaque changement d’accord, comme une élève du conservatoire face à ses professeurs. Muireann Bradley a 17 ans. Elle est irlandaise et son premier album, I Kept These Old Blues, a fait une entrée inattendue dans le top 10 des meilleures ventes de disques en Irlande et au Royaume-Uni après une apparition dans l’émission de Jools Holland, l’André Manoukian anglais, sur la BBC2. Rien de scolaire pourtant dans son jeu de guitare ni sa voix – elle a la souplesse d’un Mississippi John Hurt et la vélocité d’un Leo Kottke sur les touches, et la blancheur d’une gamine prête à tous les risques dans la gorge. Son premier album est une sorte de miracle, à mi-chemin du trésor néofolk et d’une épiphanie en direct un soir de semaine, alors qu’on est avachi dans le canap devant Ireland’s Got Talent. «J’ai grandi en baignant dans ces vieilles scies blues, et dans les collines qui surplombent la vallée de la Finn, à l’extérieur de la ville de Ballybofey, dans le comté de Donegal, raconte Muireann Bradley dans les notes de pochette de l’album. Mon père jouait cette musique en permanence à la maison, et dans la voiture, où que nous allions. Il en parlait sans cesse, peu importe qu’on l’écoute, racontant les histoires des vies de ces musiciens comme s’ils étaient des personnages de