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Musique classique

Nemanja Radulovic : «Que je joue Beethoven ou un air populaire, je veux me donner à fond»

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Entretien avec le violoniste franco-serbe, revenu à la musique classique en gravant un concerto du maître de Bonn qu’il interprétera bientôt avec son ensemble Double Sens, à la Philharmonie de Paris.
Le violoniste Nemanja Radulovic, en décembre 2022, aux abords du Kolarac Hall de Belgrade. (Eric Dahan)
publié le 12 janvier 2024 à 8h22

Il est 2 heures du matin. Une pluie glacée continue de tomber sur Belgrade mais, à deux semaines de Noël 2022, c’est la fête sur la scène du Kolarac Concert Hall où Double Sens enregistre une transcription, signée Nemanja Radulovic, de la Sonate pour violon et piano n°9 en la majeur, dite «à Kreutzer», de Beethoven. La veille, l’ensemble, étoffé pour la circonstance, et son fondateur ont mis la touche finale à la pièce de résistance de leur nouveau CD : le Concerto pour violon en majeur du maître de Bonn. Leur version, en dépit de contrastes dynamiques qui lui confèrent une dimension épique, demeure de conception chambriste : les vents rivalisent de présence avec les cordes, et les musiciens jouent sans chef. Mais alors qu’on l’imaginait follement cursive, comme celle livrée en 2021 par Gil Shaham et l’ensemble new-yorkais The Knights, cette lecture sensible et poétique, qui éclaire le contrepoint et fait un sort au moindre demi-soupir, s’aligne sur les tempi classiques, voire grand style, de la référence déposée, en 1981, par Itzhak Perlman et Carlo Maria Giulini.

Comme dans son Concerto de Tchaïkovski, publié en 2017, c’est à l’intérieur des mouvements, par ses choix d’articulations et de nuances, sa manière de passer du crescendo rayonnant au diminuendo filé, que Radulovic décoiffe. Ce qui n’est pas un scoop tant le Franco-Serbe, depuis les Danses populaires roumaines de Bartók transcrites pour violon et piano qui l’ont révélé i