Nick León est chaleureux. La conversation a pourtant lieu à distance, le Floridien dans son studio miaméen et le journaliste un peu à l’étroit dans une cabine insonorisée à Libé ; mais l’impression est très nettement celle d’une discussion entre amis. Possiblement, on a brandi le bon épithète pour lui parler de sa musique : l’attribut «deep», graal de tout producteur de musique électronique qui se respecte depuis que Larry Heard a transmuté la house music en art introspectif dans la deuxième moitié des années 80 ; et qu’on pourrait, sinon le traduire exactement, le présenter en antonyme de «vulgaire» ou «mastoc». Or León, qui a gravi les échelons de la hype en même temps qu’il multipliait les apparitions en club ou en festival (on l’a personnellement découvert en plein air au Sónar de Barcelone – dinguerie) n’a pas à proprement fait parler de lui en ce terme. Au contraire : son premier «hit», Xtasis, paru en 2022 sur le label colombien TraTraTrax et produit en collaboration avec le Mexicain Babatr – inventeur d’un genre de dance pas réputé pour sa finauderie, la raptor house –, a surtout été loué pour ses qualités de rouleau compresseur, de grosse machine, de banger à se déboîter les hanches.
Aussi, tout ce qui a été écrit sur León depuis le résume à sa capacité à transformer les dancefloors en étuve à sueurs, transes et polyrythmies sud-américaines ; et omet l’extrême subtilité de ses potions, leur profondeur de champ, leur poésie. Fou du son si f