Niecy Blues, Exit Simulation (Kranky)
On connaît sur le bout des doigts l’anecdote : comment Brian Eno inventa pour son usage l’ambient après avoir écouté un disque de musique baroque à faible volume, alors qu’il était alité après s’être fait renverser par un chauffeur de taxi. Niecy Blues, de son côté, a vu la lumière enfant, sous la voûte d’une église, en Oklahoma. Là, la musique était sa liberté, la seule à sa portée au sein de la fervente communauté chrétienne qui fut son moule, celui d’où Niecy Blues a dû s’échapper. «Je n’avais aucune idée de ce qu’était la musique ambient avant le lycée. Je n’avais pas le droit d’écouter de la musique profane, expliquait Janice Robinson au podcast Songs of our Lives mi-novembre. La première fois, je me suis dit, ça sonne comme la musique à l’église, ce truc qui gonfle, qui gonfle, avec beaucoup de delay. Comme un câlin.»
A l’occasion de son splendide premier album, Exit Simulation, Niecy Blues a dissous ses souvenirs pour façonner sa propre musique sacrée, magma de soul, ambient et gospel bâti de trois fois rien, sa voix, une basse, des sons de tout, y compris ses chœurs empilés, étirés et éparpillés en paysages sonores saisissants d’intelligence et de musicalité. La maison qui accueille l’album, Kranky, s’était fait une spécialité à sa grande époque (celle des Labradford, Windy & Carl, Stars of the Lid) de perdre l’indi