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Billet

«No Pasarán», le morceau rap anti-RN : un avant-goût de la guerre culturelle qui s’annonce

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S’il contient d’impardonnables saillies antisémites, ce morceau de rap donne aussi, par le conflit médiatique qui s’est ouvert depuis sa sortie, un avant-goût du genre d’intimidation et de censure qui attend tous les artistes si le Rassemblement national arrive au pouvoir.
Dans «No Pasarán», sorti le 1er juillet, se succèdent au micro, une vingtaine de rappeurs français pour dénoncer la menace de l’extrême droite. (CHIDIAC Hadrien/DR)
publié le 3 juillet 2024 à 11h07

C’est une lutte de mots qui commence. C’était attendu, pour ainsi dire prévu dans le titre, No Pasarán, emprunté au cri de ralliement des soldats antifascistes pendant la guerre civile espagnole, devenu cri désespéré des perdants d’une guerre meurtrière, dont l’issue fut l’accession au pouvoir du dictateur fasciste Franco pour presque quarante ans. Depuis sa sortie lundi à minuit sur les plateformes de streaming, ce morceau fleuve de rap à l’initiative du producteur vétéran Djamel Fezari, alias Kore, et d’une vingtaine de rappeurs issus de toutes les générations de la scène française dont Zola, Kerchak, Alkpote, Akhenaton, RK, Seth Gueko ou Fianso, n’en finit pas de provoquer des remous politiques chez ceux qu’il attaque frontalement, les représentants du Rassemblement national.

Les premiers concernés, Jordan Bardella et Marine Le Pen, s’en sont émus sur leurs réseaux sociaux, de concert avec les éditorialistes de CNews, mais aussi des confrères qu’on ne soupçonnera pas d’être des sympathisants politiques de l’extrême droite et qui ont entamé pourtant avec eux de scrupuleuses explications de texte qui, dans la grande tradition de la stigmatisation sociale et culturelle du rap, confondent prise de parole personnelle et expression artistique.

Violence et incohérence politique de certaines paroles

Des dizaines et des dizaines d’