La découverte : Noor, amour des feintes
Une candidate idéale pour notre rubrique «ne pas confondre» car, des Noor, il en existe quelques-unes. Par exemple, une célèbre chanteuse marocaine ou encore une Nour, gagnante de The Voice 2022 qui certes, ne s’écrit pas pareil, mais peut facilement prêter à confusion. Qu’importe, «notre» Noor possède suffisamment de personnalité pour éclater la concurrence homonymique. Un esprit indépendant qui claque la porte du Berklee College of Music à 20 ans pour mieux suivre en toute liberté sa route de chanteuse-autrice-compositrice et même productrice.
Un premier titre lâché en 2022 (Toutes les filles du monde), intime et minimaliste, interpelle. Une carte de visite où on trouve déjà le goût pour le dépouillement, l’omniprésence du piano et cette voix légèrement voilée, entrant comme par effraction dans le grand livre des sentiments. Parce que l’amour, ses illusions, ses désillusions sont au centre des préoccupations des cinq chansons d’un premier EP Les histoires tristes me collent au corps à la touchante délicatesse. Pas de course ici à la tonitruante hyper pop. La bande-son de l’attachant H24 rappelle plutôt l’électronique mélodique et élégante d’un Thylacine. Accrochée à son clavier comme à une bouée de sauvetage, la Parisienne ne boit jamais la tasse malgré les turpitudes sentimentales provoquées par des hommes plus démons que déments (le frissonnant Sur mes eaux). Si ses histoires tristes lui collent au corps, Noor ne plie pas pour autant et affiche une détermination sans faille pour qu’un jour triomphe enfin le temps d’un amour heureux. Puisse le bonheur autant l’inspirer.
Noor Les histoires tristes me collent au corps (Romance /Universal Music). En concert le 21 janvier à Paris (La Boule Noire)
La playlist
Kas Product Never Come Back (Gesaffelstein & The Hacker Remix)
Le duo de la cold wave française avec la flamboyante Mona Soyoc se voit manipulé très habilement par une paire d’experts techno. Pilonnage efficace mais aussi sensuel.
Phelto Je pense après
A la recherche de la pépite pouvant enflammer le rock français, on tombe sur cette chanteuse autodidacte. Les guitares sont grunges, la production massive, la voix nourrie du désenchantement de l’époque.
Bicep & Hammer Steall
Un titre jouissif, portant en lui tous les germes de la culture dance britannique des années 90, les bras en l’air dès 22 heures. House, breakbeat, mélancolie et le gimmick gentiment putassier. Tuuune.
Opinion 19
Le tout jeune Bordelais Hugo Carmouze joue avec tous les codes de l’indie rock /grunge /slacker américain pour un résultat hyper efficace. Ce n’est pas le nouveau Nirvana, mais ça fait plaisir à entendre.
The Limiñanas feat Bobby Gillespie Prisoner of Beauty
Le génial couple de garagistes perpignanais collabore à tout va. On les retrouve cette fois en compagnie du chanteur vétéran de Primal Scream, pour un hymne électrique plus classique, mais tellement efficace.