«J’aime te surprendre», ce sont les premiers mots que prononce Olivia Ruiz sur son sixième album. La Réplique, premier titre puissant, produit avec Nino Vella (Eddy de Pretto) et Vincha (Ben Mazué), inscrit la chanteuse dans un registre de pop électronique accumulant les emprunts : trap, reggaeton, cumbia. «Je voulais que chaque beat me donne envie de rouler des fesses !» raconte-t-elle. Promesse tenue tout au long de cet album où tous les titres semblent vouloir mettre les corps en mouvement. Ces dernières années, c’est d’ailleurs plus du côté de la scène, pour des créations avec le chorégraphe Jean-Claude Gallotta (Volver, Bouches Cousues), qu’on a pu la voir s’exprimer.

Avec ce disque, Olivia Ruiz opère un retour animal à la musique, en parvenant à réunir l’amoureuse de chanson et la fan de techno. On retrouve au fil de ces treize titres les identités multiples d’une artiste qui n’a eu de cesse de vouloir élargir sa palette et ne jamais faire ce qu’on attendait d’elle malgré une route qui semblait toute tracée à ses débuts. En revanche, les textes de La Réplique procèdent tous d’une certaine gravité : quand elle évoque les hommes (la Fièvre, Tes silences), son fils (le Sel), l’environnement (la Pachamama), les violences faites aux femmes (Tu danses) ou l’immigration (A toi). C’est d’ailleurs ce dernier thème qui travaille le plus au corps la chanteuse depuis la publication de ses deux romans et ses spectacles avec Jean-Claude Gallotta. Comme si le travail entrepris sur l’histoire de ses grands-parents ayant fui le franquisme pour une nouvelle vie dans le sud de la France était aujourd’hui la pierre angulaire de son propos artistique, l’entraînant sur plusieurs titres à naviguer entre le français et l’espagnol. On sent dans la Réplique l’envie de secouer la chanson française et l’entraîner hors de sa zone de confort. Et on aurait même envie qu’Olivia Ruiz soit encore plus audacieuse musicalement : peut-être sur scène ? On espère !

On peut être une star internationale doublée d’une bête de scène, en combinant flamenco, trap et reggaeton. La Catalane met tout le monde d’accord et ouvre la voie à une pop qui ne serait pas dans la langue de Beyoncé ou Rihanna.

Pas sa langue dans sa poche et véritable éponge à influences, l’Avignonnaise fait partie de cette génération de chanteuses affranchies pour qui l’émancipation passe par la scène.

Elue meilleure rappeuse en espagnol par Rolling Stone en 2014, la Franco Chilienne propose une musique engagée héritée des combats féministes, de l’exil de ses parents fuyant Pinochet qui n’est pas sans rappeler musicalement la grande Erykah Badu.