«Lorsque le peuple entendit le son du cor, il poussa une grande clameur, et le rempart s’effondra sur place. Alors le peuple monta vers la ville et il s’empara de Jéricho» (Livre de Josué, 6.20). Ce célèbre épisode de la Bible est sans doute un des premiers témoignages écrits de l’utilisation de la musique dans le cadre d’un conflit. Et, bien que d’une authenticité historique douteuse, il illustre parfaitement les relations ancestrales qui unissent la guerre avec la musique et qu’incarnent, par exemple, les hymnes des Spartiates traduits par Marguerite Yourcenar dans la Couronne et la lyre ou les danses et les chants guerriers des Indiens des plaines.
Au-delà de ces utilisations fondamentalement religieuses, les instruments de musique deviennent avec le temps des outils tactiques essentiels, les légions romaines, entre autres, se servant de cuivres pour répercuter les ordres. Un art qui aboutit à ce que cette musique d’ordonnance soit élevée au rang de science, la céleustique ou comment utiliser des instruments de musique pour déplacer des armées. Mais, aussi sophistiqués que puissent être ces coups de buccins et autres cuivres, ils ne relèvent pourtant pas vraiment de la musique proprement dite. C’est en revanche le cas des fanfares qui accompagnaient les fantassins pendant l’assaut à partir de l’Ancien Régime