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Ethnomusicologie

Avec l’Orquesta Experimental de Instrumentos Nativos, les Andes originales

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Le compositeur bolivien Carlos Gutiérrez Quiroga et l’ensemble ­avant-gardiste fondé en 1979, remarqués au festival Musica de Strasbourg, ravivent remarquablement des musiques ancestrales autochtones proches de la disparition.

L’Orquesta s’est produit en quatuor au festival Musica de Strasbourg. (Thais Breton)
Publié le 06/10/2025 à 16h56

Il y a quelques années, le compositeur bolivien Carlos Gutiérrez Quiroga a fait le voyage depuis le Venezuela jusqu’à Paris pour consulter des enregistrements effectués à la Paz, entre 1959 et 1964, par l’ethnologue français Louis Girault. A la BNF, on l’a reçu avec tous les égards, mais aussi une certaine gêne. «Ce sont des enregistrements très précieux, qui contiennent des expressions musicales introuvables ailleurs parce qu’elles ont disparu depuis, raconte le directeur musical de l’Orquesta Experimental de Instrumentos Nativos. J’ai demandé qu’on m’en fasse une copie, mais c’est extrêmement cher – 40 euros pour 15 secondes, quelque chose comme ça. Alors dans la petite cabine où on m’avait installé pour les consulter, j’ai posé mon téléphone, et j’ai appuyé sur enregistrer. Ces documents ne sont pas des statues, ce sont des fichiers très faciles à faire circuler. Je ne vois pas de raison de les laisser enfermés dans un coffre.»

Raviver

Depuis qu’il a rejoint l’Orquesta, fondé en 1979 par son aîné Cergio Prudencio pour établir un pont direct entre la musique contemporaine et les expressions autochtones Aymara et Quechua, Quiroga n’a eu de cesse de collecter les documents entreposés dans les bibliothèques à travers le monde, dans une singulière lutte contre leur disparition. Car il ne se contente pas de les rassembler sur un disque dur. Il les «réactive» (son propre terme). Comme avec ce vieux style musical de La Paz, éteint avec les années, et qu’il a appris av