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Album

«Parchman Prison Prayer», geôle de vivre

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Militant et engagé auprès des minorités, le producteur Ian Brennan sort un album gospel issu d’un enregistrement avec des détenus d’une institution carcérale du Mississippi. Le résultat foudroie tant par sa beauté que sa fragilité.
Douze détenus, âgés de 23 à 74 ans, ont participé à «Parchman Prison Prayer». (Marilena Umuhoza Delli)
publié le 27 mars 2025 à 15h21

Comme un souffle qui enfle, les feulements d’un chœur poignant. Ambiance sensuelle, spirituelle, au diapason de cet enregistrement pas vraiment comme les disques qui s’entassent sur les plateformes. En guère plus de deux minutes, cette ouverture en forme de complainte atemporelle donne le ton d’une sélection qui se poursuit par un explicite Open The Floodgates of Heaven, sublime ballade en mode soulful, et se termine par Jesus Will Never Say No, un bon vieux cantique.

Un an après, le producteur Ian Brennan a reposé le micro là où il l’avait laissé en février 2023, au cœur de la prison de haute sécurité de Parchman Farm, une institution carcérale du Mississippi qui a peuplé l’imaginaire musical du pays : Bukka White comme Mose Allison, qui y firent un séjour, exorcisèrent leurs démons à travers un blues hiératique. Le temps d’un service dominical, Brennan a de nouveau su capter des vibrations habitées d’une «présence», notamment sous la forme du gospel transcendant les histoires de génération, malgré tout ce que charrie cette croix utilisée pour justifier la déportation et la ségrégation. «L’église a souvent été le seul endroit, le cas échéant, où les esclaves avaient le droit de s’exprimer et de jouir de la dignité. A bien des égards, aujourd’hui encore, dans la prison, les services religieux constituent un espace sûr permettant aux hommes de s’exprimer et de forger un sentiment de communauté», analyse le producteur.

Ils sont douze hommes, âgés de 23 à 74