Césarisé en 2016 pour son film Fatima, le réalisateur suit le parcours chaotique d’une ado dans la série Nismet, disponible actuellement sur la plateforme arte.tv. Une merveille, d’après une histoire vraie.
Quel est le premier disque que vous avez acheté adolescent ?
Goats Head Soup des Rolling Stones (1973). Ma mère qui ne connaissait les Rolling Stones que par la façon dont les journaux les évoquaient à l’époque, a eu très peur que je ne me mette à me droguer.
Votre moyen préféré pour écouter de la musique ?
Une enceinte avec une magnifique restitution du son, que l’on peut déplacer ou emporter partout, qui m’a été offerte par Laurent Fénart, le chef opérateur de mes films.
Le disque que tout le monde aime et que vous détestez ?
J’ai assisté un jour à une moitié de concert techno et j’ai eu l’impression de subir un massage cardiaque. Mais si des gens aiment ça, libre à eux.
Le disque pour survivre sur une île déserte ?
Nina Simone at Newport (1960). Quand j’avais une vingtaine d’années, j’avais ses enregistrements sur cassettes et je croyais alors qu’elle chantait devant son micro en étant accompagnée par un pianiste, qui jouait près d’elle. Jusqu’à ce que je comprenne que c’était elle seule qui produisait en même temps ce jaillissement vocal inouï et cette virtuosité extraordinaire au piano. Elle s’irritait souvent d’être perçue (en raison pensait-elle de la couleur de sa peau) comme «une pianiste de jazz», alors qu’elle rappelait l’exigence de sa formation classique. J’assume de dire ici qu’elle est pour moi la plus grande pianiste de tous les temps, toutes catégories confondues.
Y a-t-il un label ou une maison de disques à laquelle vous êtes particulièrement attaché ?
Stax, qui a édité Otis Redding et Carla Thomas.
Quelle pochette de disque avez-vous envie d’encadrer chez vous comme une œuvre d’art ?
Stincky Fingers des Rolling Stones, conçue par Andy Warhol.
Un titre que vous aimeriez entendre à vos funérailles ?
I Can’t Get No (Satisfaction) des Rolling Stones.
Savez-vous ce qu’est le drone métal ?
Non. C’est grave ?
Préférez-vous les disques ou la musique live ?
Les deux, alternativement. C’est comme écrire et tourner. A la période repliée succède l’élan live.
Votre plus beau souvenir de concert ?
J’affectionne un souvenir de concert d’Ingrid Caven où nous n’étions pas très nombreux. Avec un ami, nous sommes allés la voir et elle nous a accueillis bras ouverts en nous disant : «Oui ! Oui ! Venez me dire que vous m’avez aimée !»
Allez-vous en club pour danser, draguer, écouter de la musique sur un bon sound system ou n’allez-vous jamais en club ?
Je pense que je ne suis pas allé en club depuis ma première année de fac, en 1977.
Votre film musical préféré ou votre musique de film préférée ?
Film musical préféré : les Parapluies de Cherbourg. Musiques de film préférées : celles d’Ennio Morricone. Moi qui n’utilise pas de musique d’accompagnement sur mes films, si Morricone vivait encore, j’écrirais un western pour lui demander d’en faire la musique. Je ne connais pas grand-chose qui soit à égalité en puissance et en grandeur lyrique sur des images en grand écran. Il y a aussi Amine Bouhafa, qui a composé la petite merveille qui accompagne le générique de la série Nismet.
Quel est le disque que vous partagez avec la personne qui vous accompagne dans la vie ?
Un, deux, trois soleils : Khaled, Taha, Faudel.
Le dernier disque que vous avez écouté en boucle ?
Plusieurs titres de Poupées russes de L.E.J., dont un, Acrobate, est utilisé dans la série Nismet.
Le groupe dont vous auriez aimé faire partie ?
Si seulement on m’avait donné ma chance ! J’aurais pu apporter mes riffs aux Rolling Stones, à The Cure, à Noir Désir ?
Le morceau qui vous fait toujours pleurer ?
Sans que ça aille jusqu’à verser des larmes, la Tendresse par Bourvil, pour son interprétation sans aucun artifice (à son image), si simple et si poignante.
Quelles sont vos trois chansons fétiches ?
Nina Simone, In the Evening by the Moonlight (1959). Barbara, A chaque fois (1967). Bob Marley, No woman no cry (1974).