On a en mémoire un concert au petit matin, à Paris, au début des années 2000, au festival le Placard dont la singularité était de se dérouler non pas sur mur d’enceintes mais dans les casques dispersés au sein de petits comités très volontaires. Intime, d’une intensité rare, le récital n’était que son, dénué de sens, orientation, émotion à proprement parler – Phill Niblock, posté derrière un ordinateur portable de l’époque, diffusant parmi la quiétude d’un parterre assoupi un amas sonore souverain, obsédé et massif, une seule note peinant à contenir des myriades d’harmoniques cachées.
Né en 1933 dans l’Indiana, disparu le 8 janvier à l’âge de 90 ans, ce compositeur américain méconnu mais immensément influent était l’un des maîtres de la drone music, musique du son tenu, et du minimalisme. Cousin spirituel des pionniers Alvin Lucier et La Monte Young, mais aussi de la Française Eliane Radigue dont il fut l’un des plus solides soutiens aux Etats-Unis, Phill Niblock en était venu à concevoir et bâtir sa musique par des chemins très différents des autres compositeurs dits minimalistes. Il n’avait reçu aucune formation musicale à proprement parler, et, de son propre aveu, sa manière de