Playboi Carti, Music (Universal)
L’album précédent de P.C., Whole Lotta Red, était une horreur. Un disque de trap music explosée dont Jordan Carter faisait l’instrument tranchant de son émancipation artistique et d’un dépeçage consciencieux du rap d’Atlanta auquel il faisait subir tous les sévices, embolie, saturation, amputations, etc. Fatalement, il ne faisait pas bon s’éterniser trop longtemps à la fête à moins d’être une goule, ce qui ne nous a pas retenus de rejoindre celle de Music, album annoncé comme blockbuster plutôt que messe noire et qui voit effectivement Playboi Carti renouer avec toutes ces composantes superfétatoires de la musique dont il s’était débarrassé plaisir, vie, gaieté. Bien sûr la vibe reste essentiellement malaisante, les grosses caisses immanquablement lestées de ciment, Carti rappant toujours ses insanités sur la drogue en marmonnant à côté du beat d’une voix de vampire asthmatique qui file la nausée, l’autotune réglé sur la mauvaise note comme son héros Future dont il serait le clone le plus mal foutu du South Atlanta. Mais l’ambitieux ambivalent a pris soin d’enluminer cette fois ses excès de chœurs grandiloquents comme tantôt Kanye, d’éclairs de soleil (We Need All Da Vibes) et de feats prestigieux. A priori infréquentable pour son extrémisme musical, Carti compt